Benoît Trivulce : VRP de la France au Brésil
Publié le 15{th} janvier 2013 dans "" | Rédigé par Baptiste Cordier
Étudiant, il voulait travailler à l’international. Aujourd’hui, il alterne les conversations en français, en portugais et en espagnol, « teinté d’un accent portugais » s’amuse-t-il. Car le hasard l’a conduit au Brésil où il accompagne les entreprises françaises dans leur développement.
« On a une quarantaine de minutes, il faut impérativement que j’appelle l’ambassadeur juste après. » De passage à Paris, Benoît Trivulce a peu de temps à nous consacrer. Heureusement, il parle vite, très vite… Difficile de l’arrêter. Aucun étonnement donc quand il se souvient d’une « bonne note au grand oral à Sciences Po ».
Parcours
• Naissance en 1973 à Dijon (Côte-d’Or)
• Septembre 1991-juin 1994 : Études à Sciences Po Toulouse (spécialité Économie-Finances) avec un double cursus en Économie à l’UT1, suivies d’un DESS de finances internationales
• 1996-2003 : Premières expériences professionnelles au Brésil
• 2008-2011 : Directeur des ressources humaines
• Janvier 2012 : Directeur Brésil et Amérique du Sud d’Ubifrance
Ce dont il parle beaucoup, c’est du Brésil. « Il y a un dynamisme, une énergie, une vision positive du futur. Là-bas, le changement n’est pas perçu avec crainte, mais comme une amélioration » Depuis un an, il est le directeur Brésil et Amérique du Sud d’UbiFrance, l’agence gouvernementale qui aide les entreprises françaises à s’implanter à l’étranger. Benoît Trivulce avait déjà passé sept ans au Brésil juste après Sciences Po, comme coopérant (l’équivalent de l’actuel Volontariat international en administration) au poste d’expansion économique pour le ministère français de l’économie puis chez France Télécom pour aider l’opérateur téléphonique brésilien et enfin comme spécialiste des nouvelles technologies à nouveau pour Bercy. « Chez UbiFrance, explique-t-il, la plupart de nos directeurs ont déjà une expérience dans le pays où ils sont nommés. Si vous ne comprenez pas ce que les gens vous disent, si vous ne comprenez pas leur langue et encore moins leur culture, vous ne pourrez pas comprendre ce qu’ils ne vous disent pas. »
En 2003, il est de retour en France. Au sein du ministère de l’économie, il gère depuis Paris les agents de droit local (un Brésilien travaillant pour le gouvernement français avec un contrat de travail brésilien par exemple), soit 900 personnes de 120 nationalités et autant de systèmes juridiques différents.
En 2008, il rejoint la toute nouvelle Agence française pour le développement international des entreprises. Après une année à préparer cette réforme à Bercy, il devient DRH d’UbiFrance, qui compte trois ans plus tard 1 300 salariés, dont 800 répartis dans une soixantaine de pays. « La gestion des ressources humaines est un métier difficile car il faut gérer de l’humain, mais c’est une expérience précieuse pour la suite d’une carrière. »
À 39 ans, le voilà justement qui refait ses valises… Ses semaines se partagent entre São Paulo, où sont installés sa femme et ses trois enfants, et Rio de Janeiro, les deux villes les plus importantes du Brésil. « Rio correspond aux amoureux de la nature, São Paulo aux amoureux de la ville. »
Une première expérience qui change toute une carrière
Si Benoît Trivulce prend l’avion au moins 60 fois par an, c’est au Brésil qu’il a maintenant ses attaches. Et pourtant, il est arrivé dans ce pays un peu par hasard… « Avec un ami de l’IEP, nous étions tous les deux candidats pour un poste de coopérant en Israël, raconte-t-il. Mais c’est lui qui a décroché la mission… » Benoît Trivulce s’est rabattu sur le Brésil, où il restera finalement sept ans… Mais les deux camarades ne se perdent pas de vue : ils travaillent tous les deux chez UbiFrance, l’un au Brésil, l’autre à Singapour.
Avec une trentaine de personnes au Brésil et une quinzaine en Colombie, au Chili et en Argentine, il aide les entreprises françaises à s’implanter et à développer leurs activités en Amérique du Sud. « Nous essayons de leur faire rencontrer les bons partenaires. Au Brésil, il faut se méfier de l’effet caïpirinha, explique-t-il en évoquant un célèbre cocktail brésilien. Les gens sont sympas, il fait beau et les besoins sont évidents. Mais le Brésil reste un pays compliqué. » Ce service public est facturé aux entreprises. « Même si cela peut surprendre dans notre culture française, le principe n’a rien de choquant, juge Benoît Trivulce, car les entreprises choisissent de faire appel à nous et en tirent un bénéfice réel. Nos prestations restent moins chères et plus accessibles que celles de consultants privés qui ne sont de toute façon pas vraiment sur ce créneau. En tant qu’organisme public, nous recevons des subventions dans le cadre d’une stratégie d’aide au développement international de nos entreprises. C’est d’ailleurs pour cela que nous nous appuyons aussi sur le réseau diplomatique par exemple. » Ubifrance est aussi en contact avec les 500 filiales françaises implantées au Brésil à travers les VIE, les missions de volontariat international en entreprise, qu’elle gère par délégation de service public.
Une vingtaine d’années après avoir quitté Sciences Po, Benoît Trivulce garde le souvenir d’un enseignement généraliste, qui manquait d’ouverture à l’international et au monde de l’entreprise. « J’espère que cela a changé. Mais l’IEP m’a aidé à construire une capacité d’analyse, qui est très utile au quotidien. Ce que je regrette aussi, c’est que le monde universitaire ne travaille pas assez sur le collectif. Dans le monde du travail, on évolue presque toujours en équipe. Cela suppose notamment de savoir s’entourer et accepter la critique. » Une pratique bien loin de l’épreuve majeure pour l’étudiant : passer quatre heures tout seul face à sa dissertation et son indispensable plan en deux parties.