Max de Villers : l’autre voie Royale, un IEPien devenu pizzaïolo


Publié le 8{th} janvier 2013 dans "" | Rédigé par Baptiste Cordier

Photos Arthur Hervé
Photos Arthur Hervé

Max de Villers, ici en novembre 2012, a ouvert un pizzéria au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne).

Aucun antécédent familial. Aucun lien avec sa formation. Non, franchement non, Max de Villers n’avait absolument pas prévu de créer sa propre entreprise. Voilà pourtant près de trois ans que ce diplômé de Sciences Po Toulouse est à la tête d’une pizzéria en région parisienne.

Max de Villers aurait pu poser ses valises en Chine ou aux États-Unis… Mais c’est non loin des pistes de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle qu’il a pris son envol. En 2009, il a ouvert un pizzéria au Mesnil-Amelot, petit village de Seine-et-Marne.

Parcours
• Février 1980 : Naissance à Paris
• Septembre 2000-juin 2004 : Études à Sciences Po Toulouse, après deux années de prépa
• Septembre 2005-octobre 2006 : Tour du monde avec trois amis
• Janvier-août 2008 : Séjour en Chine
• Février 2010 : Ouverture de « La Pizza Volante » au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne)

Avoir monté sa propre entreprise constitue une grande fierté pour ce trentenaire. « Je n’ai pas visé très haut, mais j’ai construit une base solide. J’ai trouvé le moyen de me la couler douce, d’avoir une vie agréable sans crouler sous le travail. Même si la restauration tourne un peu moins bien depuis la rentrée, je peux gagner 3 000 euros par mois pour 35 heures de travail par semaine. » Un privilège dans un secteur aux journées habituellement interminables.

En septembre 2005, un an après la fin de ses études à Sciences Po, Max de Villers s’était déjà lancé dans une aventure insolite : un tour du monde à vélo avec trois amis. Un parcours de 15 000 km de Paris à Pékin, en passant par l’Ukraine, la Russie et le Kazakhstan, puis de l’Alaska à New York via le Canada. « C’est une belle expérience de voyage, se souvient-il, mais notre mode de vie nomade et précaire devenait franchement inconfortable à la longue. »

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Pourtant, il va repartir très vite à l’autre bout du monde. Début 2008, après quelques petits boulots en France, il retourne à Chengdu dans le centre de la Chine. « J’avais adoré ce pays, mais sans avoir eu le temps de m’en imprégner et d’apprendre la langue. » Son séjour coïncide avec les Jeux olympiques de Pékin : notre baroudeur joue aussi les GO pour des délégations françaises. De retour à Paris, le voilà au chômage après une reconversion ratée comme consultant. « Une période dure à vivre et qui fait douter de soi », mais qui l’incite à enfin définir un projet professionnel. « Je me suis rendu compte que j’avais besoin d’être autonome, au point sans doute de ne pas être fait pour être salarié. »

Un contact lui parle alors de l’absence de pizzeria au Mesnil-Amelot. Il y a bien quelques restaurants près de l’aéroport, mais aucun ne propose de spécialités italiennes… Avant son tour du monde, Max de Villers avait enchaîné plusieurs expériences en restauration, histoire d’économiser de l’argent. Encouragé par ses proches, il fonce et se lance dans la création de sa propre entreprise. « La Pizza Volante » ouvre en février 2010. « Les six premiers mois ont été durs. J’étais crevé par les travaux, réalisés moi-même avec un ami, et il y avait encore une foule de détails à régler. » Au bout d’un an et demi, le jeune patron peut enfin se verser son premier salaire. Il emploie deux salariés à mi-temps, un pizzaïolo et une serveuse. « L’idéal, c’est quand on sert 50 couverts chaque midi du lundi au vendredi, plus les extras quelques soirs en semaine. »

Quatre fromages mais pas d’Hawaïenne
Sa pizza préférée ? L’incontournable Quatre fromages. Il propose ainsi une quinzaine de classiques dans son restaurant. Mais pas de pizza Hawaïenne par exemple. « L’ananas ne serait utilisé que sur ce produit. Mon restaurant étant encore petit, j’aurais forcément beaucoup de pertes. » Impensable de jeter ainsi la nourriture. Une question de principe mais aussi une préoccupation économique pour le nouveau chef d’entreprise…
19 Rue de Claye au Mesnil-Amelot
Tél. : 01-60-26-49-74

Certains de ses anciens camarades de Sciences Po rigolent de ce parcours atypique… Même si Max de Villers habite à Paris, la localisation de sa pizzeria en pleine zone d’activité n’a pas de quoi faire rêver… « Mais certains ont l’air envieux, car je fais un boulot qui me plait. J’adore le contact avec les clients, souvent des habitués. Je n’ai aucun problème pour me lever le matin. C’est ma boîte : il faut qu’elle marche. »

Malgré ce parcours atypique, il recommanderait l’IEP à ceux qui, comme lui, ne savent pas vraiment le métier qu’ils veulent exercer. « Devenir entrepreneur n’est pas du tout dans la culture Sciences Po. L’IEP nous formate l’esprit, mais sans nous prédestiner à un métier. C’est une grande force de se donner une assise culturelle et intellectuelle pour nous permettre de faire ensuite ce qui nous plait. »

Et si c’était à refaire ? « Je tenterais le défi de nouveau sans aucun doute, mais avec des associés pour partager les tâches et se soutenir. Il faut être sur tous les fronts à la fois. Créer tout seul une boîte, c’est dur moralement. » Max de Villers réfléchit à monter un bar à Paris avec une amie. Le duo a déjà repéré le quartier Stalingrad dans le nord-est de la capitale. Une zone en développement où ils se verraient bien installer un nouvel établissement.

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