Audrey Marchal : la soprano a trouvé sa voix


Publié le 6{th} octobre 2014 dans "" | Rédigé par Baptiste Cordier

Photo Adrien Ducap
Photo Adrien Ducap

Diplômée en 2009, Audrey Marchal, ici chantant du Mozart en juin 2013, est devenue artiste lyrique.

Son visage vous est peut-être familier si vous l’avez croisé à l’IEP. Mais pour elle, c’est surtout la voix qui compte. Diplômée de Sciences Po Toulouse et du conservatoire de musique, Audrey Marchal est devenue artiste lyrique.

Pouvoir chanter, encore et encore. C’est la raison qui a poussé Audrey Marchal à entrer à Sciences Po Toulouse en 2003. Aujourd’hui artiste lyrique professionnelle, elle avait intégré le conservatoire de musique en parallèle de sa terminale pour des cours intensifs de chant. « J’envisageais plutôt des études scientifiques ou une école de commerce pour devenir chef d’entreprise ou diplomate, se souvient-t-elle. Mais ma prof de chant m’a expliqué que je ne pourrais jamais cumuler le chant lyrique avec le rythme d’une classe préparatoire. » Alors va pour Sciences Po, la rue des Puits-creusés n’étant pas très loin du quartier de la Daurade où est installé le conservatoire. « Les journées étaient chargées, mais j’ai pu cumuler les deux, ce qui était l’objectif. Je tenais à faire des études, pour elles-mêmes et car cela me sera forcément utile plus tard, une carrière musicale n’étant pas éternelle… Et puis, pour l’organisation et la conception des concerts, j’utilise déjà tous les jours des compétences acquises à Sciences Po. »

Parcours
• 2001 : Premiers pas dans le circuit du chant professionnel dans des opéras pour enfants
• 2003-2007 : Études à Sciences Po Toulouse
• 2009 : Diplôme de chant lyrique au Conservatoire de Toulouse
• 2013 : Diplômée de musique ancienne au Conservatoire de Toulouse
• 2013: Les Illuminations de Benjamin Britten avec l’orchestre de chambre de Toulouse à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines

Pour son année de mobilité, elle demande même une convention entre Sciences Po et le conservatoire. « C’était comme si j’avais passé deux semestres dans une fac à l’étranger : j’avais des cours de langues et de culture musicale, et bien plus de temps pour le chant. » Est-il nécessaire de préciser que son mémoire portait également sur la musique ? Plus précisément sur le rapport de force entre le metteur en scène, le chef d’orchestre et le soliste à l’opéra, un jeu de pouvoir qui a évolué au cours des époques. « Pour préparer ce mémoire, j’ai pu rencontrer de nombreux artistes et professionnels de la musique. L’expérience m’a été utile pour préparer ma future carrière. »

Sa carrière a en fait débuté dès 2001, quand la jeune lycéenne participe à des opéras pour enfants. Des premiers pas dans le circuit du chant professionnel qui confirment sa vocation pour la musique. En 2007, à sa sortie de Sciences Po, elle intègre les choeurs supplémentaires de l’opéra du Capitole, pour accompagner les premiers rôles. Aujourd’hui, elle est de plus en plus souvent soliste, notamment lors de récitals.

Difficile toutefois de vivre totalement de la musique. « Je suis intermittente du spectacle. Heureusement que ce régime d’assurance chômage existe, mais je perçois un cachet seulement lors d’un concert : tout le temps des répétions, parfois un mois entier, n’est pas pris en compte. Pour gagner correctement sa vie en tant que soliste, il faut donner au moins un concert par semaine, ce qui est quasiment impossible à moins d’être en tournée. »

Respecter une stricte hygiène de vie
« On ne naît pas chanteur, on le devient, souligne Audrey Marchal. Avoir une voix séduisante et savoir chanter juste ne suffit pas : il faut surtout beaucoup de travail pour maîtriser les notes et la puissance de sa voix. » Pour préserver son « outil de travail », la soprano respecte une hygiène de vie draconienne : pas d’alcool la semaine précédant un concert, pas de cigarette, pas d’aliments acides qui abiment les cordes vocales. Et surtout s’hydrater beaucoup et bien dormir pour reposer sa voix. Tous les jours, Audrey Marchal s’astreint à chanter au moins une demi-heure. « Même en vacances, il faut que je vérifie que l’hôtel que je veux réserver dispose d’une salle où je peux répéter », sourit-elle…

La concurrence est rude dans le domaine du chant, surtout parmi les sopranos colorature, la catégorie vocale d’Audrey Marchal. « Dans ce milieu, il ne faut pas avoir d’âge, ajoute-t-elle. Pour pouvoir jouer tous les rôles mais aussi à cause d’un certain diktat du jeunisme, notamment pour les femmes. » Il faudra se donc se contenter de signaler qu’Audrey Marchal est née à Toulouse, sans préciser l’année. Malgré tout, cette profession-passion la comble : « c’est stressant et difficile bien sûr, mais tellement enthousiasmant de travailler avec autant de personnes différentes en fonction des projets. Ce métier a du sens pour moi. »

Je n’arrive pas à imaginer ma vie sans la musique

Certains professeurs de Sciences Po Toulouse suivent aujourd’hui encore son parcours atypique. « Il y a quelques jours, madame Cabanis est venue écouter mon récital à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines. » De ses quatre années passées à Sciences Po Toulouse, la soprano se souvient aussi de bons moments en dehors des amphis. « J’ai profité de ma vie étudiante, s’amuse l’ancienne pom-pom girl. À l’époque, je n’avais pas forcément mon quota de sommeil pour reposer ma voix. »

En 2009, deux ans après sa sortie de Sciences Po, elle obtient son diplôme d’études musicales de chant lyrique au conservatoire. Quatre ans plus tard, elle décroche un autre diplôme, en musique ancienne cette fois. Polyglotte, elle parle ou plutôt chante quatre langues en plus du français : l’italien et l’allemand, indispensables en musique, mais aussi l’anglais et l’espagnol. Un bagage d’études qui lui sera utile pour se reconvertir après sa carrière de soliste. Une reconversion qu’elle imagine non loin du chant, sans doute dans le secteur culturel. « Je n’arrive pas à imaginer ma vie sans la musique, avoue Audrey Marchal. Mais je suis heureuse de ne pas avoir que la musique dans ma vie. »

Interprétation de San Giovanni Battista d’Alessandro Stradella par Audrey Marchal

D’autres vidéos sont disponibles sur le site d’Audrey Marchal.

Une réponse à “Audrey Marchal : la soprano a trouvé sa voix”

  1. […] Elle est reçue en 2003. Le côté multidisciplinaire lui plaît. Les 2 domaines ne sont pas si éloignés que ça, elle y trouve des interconnections. En 3ème année, une convention doit être signée entre le conservatoire et l’Institut d’Etudes Politiques pour qu’elle puisse continuer. Car chaque année, comme pour les autres étudiants, sa présence au conservatoire peut être remise en cause. Tout peut s’arrêter. Pour son mémoire, elle choisit l’opéra. « J’ai interviewé des metteurs en scène et des solistes. J’ai dû faire le pied de grue à la sortie des opéras. Mais quel plaisir d’interroger des artistes comme Nathalie Dessay, Sophie Koch, Marcelo Alvarez, Emiliano Gonzalez Toro et des chefs comme Maurizio Benini ou Claus Peter Flor. Nathalie Dessay m’a beaucoup impressionnée. Elle est très naturelle et abordable. Elle est même venue m’écouter et m’a fait une lettre de recommandation » Elle mène de front ses études politiques et le chant. A la sortie de Sciences Po, elle intègre les chœurs supplémentaires de l’opéra du Capitole, … […]

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