Julie Gras : elle a trouvé chaussures à son pied


Publié le 8{th} octobre 2013 dans "" | Rédigé par Baptiste Cordier

Photo Hélène Mésange
Photo Hélène Mésange

Julie Gras dans le rayon Chaussures pour femme du Printemps Haussmann à Paris.

Les chaussures pour femme, c’est « son » rayon au Printemps. Depuis presque cinq ans, Julie Gras est acheteuse et chef de produit. Escarpins, bottines, sandales et autres ballerines : elle en teste des dizaines chaque jour.

Parcours
• Décembre 1983 : Naissance à Avignon (Vaucluse)
• 2001-2003 : Prépa Sciences Po puis DEUG d’anglais et d’espagnol
• 2003-2007 : Études à Sciences Po Toulouse
• 2007-2008 : Master à l’Institut français de la Mode (IFM)
• Janvier 2009 : Chef de produit Chaussures pour femme au Printemps

Son métier en fera sûrement rêver plus d’une : Julie Gras passe ses journées au milieu des chaussures. Au pluriel. À bientôt 30 ans, elle est chef de produit Chaussures pour femme au Printemps, la chaîne de grands magasins.

Après ses études à Sciences Po Toulouse entre 2003 à 2007, Julie Gras a passé un an au sein du prestigieux Institut français de la Mode à Paris. Double diplôme en poche, elle débarque au Printemps Haussmann, à Paris, pendant l’été 2008. « Le temple de la mode, forcément, ça me faisait rêver », se souvient-elle. Elle est alors en stage tandis que le Printemps remodèle complètement ses espaces dédiés au luxe et aux accessoires. Un repositionnement pour monter en gamme et doper le chiffre d’affaires du grand magasin fondé au milieu du XIXesiècle.

En janvier 2009, elle devient chef de produit Chaussures pour femme. À elle de sélectionner les chaussures proposées dans chaque magasin, parfois en exclusivité. Si une soixantaine de marques travaillent avec le Printemps, le choix est drastique. « Certains fabricants peuvent nous proposer 500 modèles différents et nous devons en sélectionner seulement une vingtaine pour chaque magasin », explique Julie Gras. Entièrement dédié à la chaussure pour femme, le 5e étage du boulevard Haussmann est le plus fourni de l’enseigne : une quarantaine de marques y présentent 150 références chacune. « J’imaginais un univers entre Le Diable s’habille en Prada et Ugly Betty, sourit-elle. En fait, le chef de produit doit travailler en équipe, en lien avec le marketing, la comptabilité, le service juridique, etc. Nous sommes le lien entre les marques et le magasin. » Comme les collections s’enchaînent tous les six mois, il faut à la fois travailler très en amont pour sélectionner les modèles et à la dernière minute pour ajuster les commandes en fonction des retours du terrain. Julie Gras a toujours plusieurs paires de chaussures dans son sac, pour s’adapter à ses différents rendez-vous. Pas question d’aller sélectionner des escarpins en étant soi-même en bottine… « Ce qui demande le plus d’énergie, c’est quand des marques se repositionnent, qu’elles montent en gamme par exemple, décrypte-t-elle. Il nous faut les accompagner, les aider à décrypter et anticiper les attentes de nos clientes. »

À chacune sa chaussure
Pour le rayon Chaussures pour femme, pas question de faire du copier/coller entre chacun des seize magasins du Printemps en France. Proportion de bottes par rapport aux chaussures ouvertes, nombre de chaussures en stock, il faut tout adapter, car chaque région a des goûts et des morphologies particulières. « Par exemple, les femmes portent moins de talons très fins à Lille à cause des pavés dans le centre-ville. Et nos clientes choisissent des pointures plus petites dans le sud de la France que le nord », souligne Julie Gras, devenue anthropologue ès chaussure. Quant au magasin phare du boulevard Hausmann à Paris, il accueille des femmes venues de toute la France mais aussi une clientèle internationale, avec des profils encore plus variés : il doit donc proposer un large éventail de pointures et des chaussures adaptés à tous les budgets.

Si elle s’émerveille aujourd’hui encore en visitant des ateliers de fabrication de chaussures, c’est que Julie Gras avait envie depuis longtemps de travailler dans la mode. À Sciences Po, elle voulait gagner en culture générale, comme le recommandent les écoles spécialisées dans la mode. De son passage à l’IEP, elle se souvient d’une victoire arrachée au Crit inter-IEP à Rennes avec les pom-pom girls. Récemment, elle a retrouvé plusieurs camarades de promotion lors d’un mariage en Corse. « On est entré à l’IEP il y a tout juste dix ans », réalise cette jeune maman.

Son dressing personnel compte une centaine de chaussures. « Et il y en a presque autant dans la cave, doit-elle avouer, avant d’ajouter, comme pour se dédouaner : Mais mon mari est acheteur en vins : ses bouteilles occupent l’autre moitié ! Et encore, nous n’avons pas le droit d’accepter les cadeaux ou les échantillons ! » Être acheteuse dans la chaussure est toutefois bien différent d’être une acheteuse de chaussures. « Je dois me mettre à la place de toutes les clientes, y compris celles qui ont des envies et des habitudes radicalement différents des miennes. L’idéal, c’est que toute cliente qui rentre au Printemps reparte avec plus de paires que prévues, qu’elle ait envie de revenir, si possible avec des amies. » Pour cela, il faut des collections fournies, un bon emplacement tant pour le magasin que pour les rayons, mais aussi des stocks car chacune doit trouver chaussure à son pied. « Nous travaillons aussi beaucoup sur la force de vente, ajoute-t-elle. Beaucoup de femmes adorent les chaussures, mais elles veulent être accueillies et conseillées. Avoir de bons vendeurs, à l’écoute et convaincants, c’est essentiel pour qu’elles se sentent en confiance. » Le Printemps mise aussi sur la convivialité : il y a deux ans, Julie Gras et ses collègues ont organisé une Shoe Party, une soirée événement pour les clientes. Cette année, le concept va être déclinée dans six magasins, pour toutes les amoureuses de chaussures.

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