Emmanuelle Durand (promo 2015) vient de publier L’envers des fripes : les vêtements dans les plis de la mondialisation aux éditions Premier Parallèle, en partenariat avec Techniques&Culture (revue interdisciplinaire consacrée aux dimensions matérielles de la vie sociale). Elle est anthropologue rattachée à l’École des hautes études en sciences sociales (IRIS-EHESS) et au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST), un laboratoire de recherche en sciences humaines et sociales d’Aix-Marseille université.
Et si la seconde main, loin de représenter une réelle alternative à la surconsommation, marchait main dans la main avec la fast fashion ? Sur les 700 000 tonnes de vêtements jetés chaque année en France, seuls 20 % sont en mesure d’être recyclés. Le reste alimente un commerce international de vêtements usagés dont on sait finalement peu de chose. Emmanuelle Durand nous propose de partir de Beyrouth pour détricoter puis remonter le fil de ces flux mondialisés. Des échoppes libanaises jusqu’aux points relais Vinted français en passant par les entrepôts de tri dubaïotes et belges, ce récit vivant et incarné propose de suivre les pérégrinations de quelques habits considérés ici comme des déchets, là comme des objets convoités.
Cet ouvrage prolonge la thèse en anthropologie, Des vies en fripes : une anthropologie des circulations du vêtement usagé (bâleh) au Liban, soutenue en décembre 2022 à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Cette thèse a reçu le prix 2023 du GIS-MOMM (Groupement d’Intérêt Scientifique Moyen-Orient et Mondes Musulmans), ainsi que celui de la MMSH (Maison méditerranéenne des Sciences de l’homme).
Diplômée du parcours « Relations internationales et gestion de crise » de Sciences Po Toulouse en 2015, Emmanuelle Durand effectue son stage de fin d’études au sein du département des études contemporaines de l’Institut français du Proche-Orient (IFPO) à Amman (Jordanie). Elle devient chargée de projet au sein de l’association Ancrages dans quartiers Nord de Marseille jusqu’en 2016. Elle est ensuite de 2016 à 2018 rédactrice chargée des opérations de réinstallation des réfugiés syriens (Liban, Jordanie, Turquie) au sein de la direction de l’Asile du ministère de l’Intérieur. Après une année préparatoire au doctorat en anthropologie à l’EHESS en 2016/2017, elle devient doctorante en anthropologie à l’IRIS-EHESS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux) jusqu’à fin 2022.
En 2023, elle est chercheuse postdoctorale pour la Fondation Croix-Rouge française sur le thème « Formes de (re)présentation de soi et imaginaires vestimentaires : pratiques et emplois du vêtement en situation de précarités » et elle enseigne notamment l’anthropologie urbaine à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles. Début 2024, elle devient chercheuse postdoctorale associée au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST) d’Aix-Marseille université dans le cadre du projet de l’Agence nationale de la recherche « Le grand entrepôt. Une industrie émergente du stockage ». Elle prépare également un film documentaire Bala seccar sur deux échoppes de vêtements usagés de Beyrouth.